Communiqué de presse des Féministes en mouvements du vendredi 16 janvier 2015 :
Madame Marisol Touraine, Ministre
des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes, vient de
rendre public son plan IVG. Les Féministes en Mouvements se félicitent
de voir certaines des revendications portées par les associations
féministes depuis de nombreuses années, reprises par Madame Marisol
Touraine.
Après la création du site www.ivg.gouv.fr
et la promulgation de la loi pour l'égalité réelle femmes-hommes, qui
supprime la clause de détresse, de nouvelles mesures progressistes sont
prises en faveur de l'avortement :
- garantir une meilleure information des femmes, avec la création d'une plateforme téléphonique dédiée,
- lutter contre les inégalités territoriales dans l'accès à l'IVG, en poussant les ARS à se doter de plans régionaux adéquats, - rembourser réellement à 100% l'avortement, avec la prise en charge par la sécurité sociale des actes médicaux annexes, - donner la possibilité aux sages-femmes de réaliser des IVG médicamenteuses et autoriser la pratique des IVG instrumentales dans les centres de santé. |
Alors qu'une récente étude de l'INED révèle que 33% des femmes ont recours au moins une fois à l'IVG dans leur vie,
ces mesures consacrent l'idée que l'avortement fait partie de la vie
des femmes, et qu'il convient de cesser de le considérer comme un acte
grave, que la femme devrait vivre dans la culpabilité.
Toutefois, les Féministes en Mouvements regrettent de ne voir aucune mesure visant à rouvrir les quelques 130 centres d'IVG qui ont fermé depuis 2004.
Dix années de politiques libérales en matière de santé publique ont
causé des dégâts, dont les femmes ont fait les frais. Si la pratique des
IVG médicamenteuses par les sages-femmes peut être une solution, elle
ne doit pas nous faire oublier que les centres d'IVG doivent avoir leur place dans tous les hôpitaux publics.
Sans cela, les délais d’attente continueront d’être problématiques :
l’IVG médicamenteuse ne se pratique qu’avant 7 semaines. Le choix entre
IVG médicamenteuses et chirurgicales doit être possible pour les femmes.
Les procédures proposées de prise en charge pour IVG entre 10 et 14
semaines d'aménorrhée ne sauront suffire. Rappelons que 2 000 Françaises
partent avorter à l’étranger chaque année faute de place.
Enfin, les Féministes en
Mouvements appellent Madame Marisol Touraine à s'engager pour faire de
l’avortement un droit humain fondamental. En France, ce n’est pas le cas. Elle
doit avoir le courage de toucher aux derniers héritages de la période
Veil que sont le délai de réflexion (qui est de 7 jours) et la clause de
conscience des médecins. Il est temps d’en finir avec ces archaïsmes
et de faire du droit à l’IVG un droit humain fondamental. Sans cela, ce
droit pourra être remis en cause lors d’un changement de majorité,
comme il a failli l’être en Espagne sous la pression des conservateurs.
De très nombreux pays interdisent totalement ou partiellement le droit à l'IVG, y compris au sein de l'Union Européenne.
La France n'est pas seulement la patrie des droits de l'Homme : elle
doit aussi être celle des droits des femmes. Elle doit porter haut et
fort le projet d'un droit à l’avortement garanti pour toutes en Europe !
Les Féministes en Mouvements ne manqueront pas d'interpeller Madame Touraine à ce sujet lors du grand événement qu'elles organisent pour les 40 ans de la loi sur l'avortement, le samedi 17 janvier, à la mairie du 4ème arrondissement de Paris.
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