dimanche 13 juin 2010

DOSSIER spécial "Coupe du Monde"

Ce mois-ci, démarrage de la coupe du monde. Au stade, dans les cafés devant les écrans ou en soirée foot-bière-pizza... une foule pas très mixte supporte son équipe. "Le foot, c'est pour les mecs, c'est bien connu !" Si une fille s'y intéresse, c'est qu'elle adore « mater » les joueurs et si elle y joue c'est qu'elle n'est pas très féminine... le ballon rond serait donc réservé aux hommes ?

Le sport, et notamment le foot, reste un symbole de la virilité. Il représente la force physique, apanage de l'homme, et non de la femme « fragile ». Que cela soit pour jouer ou le regarder, le foot est également un moyen de sociabilisation. La femme, traditionnellement cantonnée au foyer, n'est pas considéré à sa place dans ses moments d'échanges publics.

Pourtant, en Europe, les femmes y jouent depuis plus d'un siècle avec de nombreux obstacles... En Angleterre, en France ou encore en Allemagne, les fédérations masculines ont tenté d'empêcher la féminisation de ce sport.

En 1941, Vichy « interdit rigoureusement » sa pratique sous prétexte qu'elle est jugée « nocive pour les femmes ». En Allemagne, la fédération interdit aux femmes de jouer jusqu'en 1970. Encore aujourd'hui, le foot est interdit pour de nombreuses femmes. En Iran, c'est seulement depuis 1997 que les clubs de football ont officiellement droit à former les équipes de foot féminin dans les salles fermées. Pour certaines, jouer est un combat pour l'émancipation. Les femmes des « womens fighters » au Zanzibar luttent les mentalités pour pouvoir jouer (voir le film Zanzibar soccer queens). Cette lutte est un des symboles de leur émancipation.

Dans le sport comme au travail ou à la maison, l’égalité des femmes et des hommes pourtant souvent reconnue dans nombre de discours est encore difficile à obtenir dans les faits. La féminisation de sports comme le foot remet en question la vision convenue de la féminité et ne va pas sans obstacles. Le ballon... miroir des inégalités.

Les articles du DOSSIER spécial "Coupe du Monde"
- Le football, un sport d’hommes ?
- La coupe du monde de foot... au féminin
- Etre footballeuse en Iran 
Complément web du journal n°8

Sortie du journal n°8 spécial culture

Samedi 12 juin, nous avons marché. Des milliers de femmes et d’hommes ont défilé dans les rues de Paris à l’occasion de la Marche Mondiale des FemmesAprès la fête des 40 ans du mouvement de libération des femmes le dimanche précédent, cet évènement est venu clore un printemps très féministe, du côté des mobilisations en tous cas. Car la Marche Mondiale des Femmes nous l’a rappelé : en matière de droits des femmes, les inégalités persistent dans les faits en France comme dans tous les pays du monde. En Afrique du Sud, où un adulte sur cinq est atteint par l’épidémie de VIH/sida, notamment dans les zones rurales, des dizaines de milliers de femmes sont violées chaque année. A l’occasion de la coupe du monde de football, Amnesty International a interpellé le gouvernement pour qu’il redouble d'efforts dans sa lutte contre les atteintes persistantes aux droits des femmes à la dignité et à l'égalité. Salaires, tâches ménagères, violences ou accès à la culture et à la citoyenneté : être femme, ici ou ailleurs, c’est de toute façon être en position d’infériorité. C’est ce qu’ont dénoncé les militantes et militants d’Osez le féminisme le 3 juin dernier en recouvrant les stations de métro parisiennes d’affiches interpellant les passantes et les passants. Les réactions ont été nombreuses et montrent que le sujet ne laisse pas indifférent les citoyennes et citoyens. A nous de faire en sorte que le politique s’en empare également et agisse pour améliorer les droits des femmes. 

Osez le féminisme