Mesdames, chères amies,
En
réponse à votre courrier, nous tenons à affirmer d’une façon forte notre
engagement féministe. Pour la première fois, les conseils départementaux vont
être paritaires. C’est une avancée considérable qu’il convient de saluer et sur
laquelle il faut s’appuyer pour faire progresser l’égalité entre les femmes et
les hommes dans toutes les collectivités et sur l’ensemble du territoire.
Nous
allons reprendre point par point vos questions :
1) Oui, si nous sommes élus, l’exécutif du département sera strictement
paritaire. Il serait incohérent de saluer le nouveau mode d’élection
(binôme composé obligatoirement d’une femme et d’un homme) comme une avancée et
de ne pas mettre en pratique la parité pour les postes de vice-présidences.
2)
et 3) L’échelon
départemental est pour nous un échelon pertinent pour faire entendre la voix
des femmes et leurs exigences en matière d’égalité dans tous les secteurs de la
société. Un-e élu-e sera en charge de promouvoir
cette exigence, en soutenant les associations qui oeuvrent dans ce domaine
et en impulsant des actions dans ce sens. L’observatoire
de lutte contre les discriminations, mis en place par le département, doit
nous permettre de cibler les actions les plus pertinentes pour adapter les
actions à mettre en œuvre, et son action doit être renforcée.
4) Les forces
réactionnaires s’efforcent, avec acharnement et violence, de revenir sur le
droit des femmes à la maternité choisie. De capitulation budgétaire en
renoncement idéologique, ce sont
plusieurs centaines de centres IVG et de maternités qui ont été fermés depuis
quelques années en France.
À l’inverse,
il est de notre devoir d’approfondir le droit à la maternité choisie, qui
rencontre encore de trop nombreux obstacles.
L’IVG doit être accessible à celles qui en font le choix, dans tous les
territoires.
Notre
département doit s’engager, y compris sur le plan budgétaire, pour sauver les centres de planification et
d’éducation familiale (CPEF) qui sont menacés de fermeture et pour les
renforcer, sur le plan de l’équipement comme des personnels. Il faut conforter les moyens de suivi de grossesse dont
disposent les services départementaux de Protection maternelle et infantile
(PMI), afin que chacune puisse vivre sa grossesse dans les meilleures
conditions médicales possibles.
Le Conseil
départemental interpellera l’État pour que l’IVG
médicamenteuse soit accessible dans tous les CPEF du département, comme le
permet désormais la loi, afin d’alléger le parcours du combattant des femmes
qui y ont recours.
5) Oui, le Conseil Départemental doit être exemplaire. L’observatoire de la
lutte contre les discriminations doit faire une évaluation de la situation des
personnels du Département et donner les orientations pour lutter contre les
inégalités encore existantes. Cet « état des lieux » devra ouvrir la
voie pour établir un véritable
plan d’égalité professionnelle.
6) Au-delà de
plusieurs centaines de femmes qui meurent sous les coups de leurs conjoints
chaque année en France, les violences conjugales empoisonnent le quotidien de
milliers d’entre elles.
Dans un pays
comme la France, un État de droit pour lequel la sécurité des personnes est une
exigence fondamentale, il est inacceptable qu’une telle menace plane sur des
milliers de femmes. Il faut faire reculer les violences, tout en permettant aux
victimes d’en parler et d’en sortir.
Le
département doit engager une campagne
permanente de sensibilisation et d’information sur les droits et les
interlocuteurs disponibles, à l’intention des scolaires et de l’ensemble des citoyen-ne-s.
Il faut
constituer un Observatoire départemental
des violences faites aux femmes, permettant de traiter le problème en
profondeur et sur la durée.
Le
département doit se donner les moyens d’accueillir
les victimes et leurs enfants en hébergement d’urgence, leur proposer un
accès conventionné au logement social et être partenaire de l’opération Un toit pour elles (offrir un
toit aux femmes battues).
Le
département doit être un partenaire incontournable du dispositif Téléphone
grand danger destiné à la protection des femmes victimes de violence
conjugales et qui se trouvent en très grand danger.
Il faut
également mener le combat contre les cyber violences à caractère sexiste et
sexuel en créant un réseau pour sensibiliser à ce phénomène.
7)
Malgré les lois relatives à l’égalité salariale
et professionnelle, le salaire des femmes est encore, en moyenne, inférieur de
30 % à celui des hommes ; elles occupent l’essentiel des temps partiels subis ;
un « plafond de verre » persistant limite considérablement la progression de
leurs carrières. C’est
une injustice inacceptable.
Les
entreprises qui bénéficient des aides départementales au développement
économique doivent respecter strictement
les lois relatives à l’égalité salariale et professionnelle. Les entreprises
doivent énoncer clairement les orientations en matière de ressources humaines
au service de l’égalité femmes/hommes (mobilité, formation, recrutement,
apprentissage…) et les personnels doivent être rendus autant que possible
acteurs de l’égalité.
L’accompagnement
et le soin des enfants reposent aujourd’hui en grande partie sur les épaules
des femmes. Cette situation les contraint à des sacrifices considérables, sur
le plan professionnel comme personnel. En cause, évidemment, la répartition
inégale des tâches dans la famille, mais aussi les services publics,
insuffisants pour répondre aux besoins des ménages, et notamment pour
accueillir les jeunes enfants durant les heures de travail.
Les
habitantes et les habitants doivent avoir des
crèches à leur disposition, en nombre suffisant pour répondre à l’ensemble
des besoins et dans des conditions de coût qui permettent à toutes les familles
d’y accéder. Ainsi, le Conseil départemental doit contribuer à leur financement
à la même hauteur que la CAF et donner les moyens pour ouvrir davantage de
places.
Le futur Conseil
départemental doit pouvoir participer au financement également de structures
d’accueil adaptées selon les âges, centres de loisirs périscolaires, clubs,
etc.
8) Faire
avancer l’égalité femme-homme passe aussi par l’éducation. Enseigner aux nouvelles générations la belle idée d’égalité et lutter contre les stéréotypes sera un
axe de notre travail.
Il faut
mettre l’égalité au coeur des parcours de vie dès l’école maternelle, pour
permettre à chacune et à chacun de réaliser ses aspirations.
Le département doit
engager de grandes campagnes en faveur
de l’égalité des genres dans les collèges et proposer des ateliers, des
intervenant-e-s, des initiatives pédagogiques pour sensibiliser à l’égalité de
genre et pour également prévenir le cybersexisme.
Les Conseils départementaux des collégien-ne-s,
qui sont, pour beaucoup, un premier pas dans l’apprentissage de la citoyenneté,
doivent être paritaires et
transmettre les valeurs d’égalité aux collégien-ne-s.
Les dates du 8 mars et du 25 novembre seront des points d’appui pour rassembler toutes les
forces progressistes qui se battent pour la cause des femmes. Un débat sera
engagé avec les associations, les mouvements engagés dans cette cause pour faire
de ces deux dates des temps forts de la lutte pour l’égalité.
9) L’appel des 100 est un formidable outil
qui engage toute la collectivité dans une démarche vers l’égalité. Dans notre
département, il faudra entreprendre un dialogue avec les communes et les EPCI qui
ne sont pas encore dans cet engagement. L’égalité femme-homme est une dimension
essentielle à toute démocratie, toutes les collectivités locales doivent en
prendre conscience.
Notre
volonté déterminée de nous inscrire dans ce combat, oh combien d’actualité, de
l’égalité femme-homme, dans tous ses champs d’application ne sera pas entravée par
la politique d’austérité imposée par le gouvernement. Mais, il faut être
conscient que les missions du département sont gravement menacées par la
ponction de 28 milliards que le gouvernement entend opérer d’ici 2017 sur les
budgets des collectivités locales.
Ces
élections sont pour nous un moyen de créer les conditions pour que les citoyens
s’emparent de cette problématique. Notre pays produit d’immenses
richesses : il suffit de prendre
les chiffres de l’évasion fiscale et des dividendes reversés aux
actionnaires des entreprises du CAC 40 pour se rendre compte qu’une autre
politique est, non seulement possible, mais urgente à mettre en œuvre. La
richesse nationale doit être mise au service de toutes et de
tous.
Soyez
assurées, Mesdames, de nos sentiments les plus amicaux.
Yveline Delallée Alban Mosnier
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