Communiqué de presse d'Osez le féminisme
Dans la nuit du 30 au 31 mars, le Sénat a voté la Proposition de loi
portant sur l’abolition du système prostitutionnel. Il a supprimé
l’amendement concernant la pénalisation des clients et réintroduit celui
interdisant le racolage passif, qui sanctionne les personnes
prostituées. Osez le Féminisme s’insurge de voir que le machisme
continue à régner dans la chambre haute du pays et invite les député-e-s
à aller de l’avant sans tarder.
Alors que toutes et tous se sont accordé-e-s sur la violence
intrinsèque de la prostitution, sur le fait qu’elle favorise la
prolifération des réseaux mafieux et qu’elle n’est rien d’autre que de
la traite humaine, le Sénat a préféré voter pour un texte qui ne change
rien à ce qui existe déjà : faire du racolage un délit et protéger les
clients prostitueurs. Sanctionner les victimes et protéger les
responsables, quel message le Sénat envoie-t-il aux femmes qui chaque
jour subissent ces violences ?
Ces débats ont été l’occasion de faire tomber les masques : ceux qui
protègent les clients n’ont que faire des personnes prostituées. On a pu
voir de longs discours pour justifier la non-pénalisation des clients,
les sénateurs la main sur le cœur disant vouloir ainsi protéger les
personnes prostituées. Les mêmes, l’instant d’après, votaient sans
sourciller pour la pénalisation des personnes prostituées qu’ils
prétendaient pourtant défendre quelques secondes plus tôt. Hier soir, la
phrase de Françoise Héritier résonnait fortement : « Dire que les
femmes ont le droit de se vendre c’est masquer que les hommes ont le
droit de les acheter ».
Ces débats ont également été l’occasion de voir à l’œuvre la secrétaire d’Etat aux droits des femmes, Pascale Boistard défendre avec conviction la proposition de loi. La détermination des sénatrices Laurence Cohen (CRC) à Chantal Jouanno (UDI), Michelle Meunier, Claudine Lepage, Maryvonne Blondin (PS), Brigitte Gonthier-Maurin (CRC) et plusieurs de leurs collègues (CRC et PS) s’est heurtée au machisme d’un Sénat majoritairement réactionnaire et masculin.
Nous souhaitons maintenant que l’Assemblée Nationale s’empare
rapidement de ce débat, et redonne à cette proposition de projet de loi
en faveur de l’abolition tout son sens : à savoir le progrès pour
l’égalité femmes-hommes, la protection des victimes de violences, la
lutte contre l’exploitation sexuelle et la mise en place d’un réel plan
d’accompagnement des personnes victimes pour offrir des alternatives à
la prostitution. La France doit rejoindre la Suède, la Finlande ou la
Norvège dans la liste des pays les plus progressistes en matière
d’égalité femmes-hommes. Les dizaines de milliers de victimes de la
prostitution ne peuvent plus attendre.
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